« Sur l’estive, nous pensons collectif » pour gérer le sanitaire
Des règles collectives à l’initiative des éleveurs préservent l’estive de La Pierre-Saint-Martin des pépins de santé des troupeaux de brebis qui y passent l’été.
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Le cri de Cédric Pucheu résonne sur l’estive de La Pierre-Saint-Martin. Il appelle son troupeau de brebis à la traite. « Brrrrr Saï saï saï taci ! » Installé dans la vallée de Barétous à Issor (Pyrénées-Atlantiques), Cédric garde ses 300 brebis basco-béarnaises en montagne pendant la période estivale. Dans les Pyrénées-Atlantiques, les transhumants sont majoritairement des éleveurs de brebis laitières.
Éviter le pire comme dans les années 1990 à 2000
Les fusions de troupeaux sont rares, mais cela n’empêche pas aux animaux de se croiser en estive. « Nous sommes 15 éleveurs à monter à La Pierre-Saint-Martin », expose Cédric par-dessus le bruit de la salle de traite mobile. Voisinage rime ici avec esprit collectif. « Les conséquences d’une mauvaise gestion sanitaire peuvent être lourdes pour tous. Alors nous communiquons entre éleveurs. » L’objectif, éviter le pire comme dans les années 1990 à 2000.
À l’époque, une maladie infectieuse, l’agalactie contagieuse fait des ravages. Mammites, diminution de la production de lait, arthrites et même mortalité, de quoi creuser les finances des élevages. « Alors que la maladie frappait durement, les Béarnais ont fait le choix d’abattre systématiquement les troupeaux contaminés. Une expérience traumatisante, qui a toutefois soudé les éleveurs », raconte Charles Desorthes, conseiller sanitaire spécialisé dans la filière des petits ruminants au GDS 64.
Risque de non-transhumance
Aujourd’hui, la situation est sous contrôle. Si l’agalactie contagieuse n’est régie par aucune réglementation au niveau national, elle est traquée par le GDS (groupement de défense sanitaire) dans les Pyrénées-Atlantiques, notamment avant la montée en estive. Comme ses voisins et comme tous les ans, Cédric a dépisté son troupeau pour le certifier indemne d’agalactie contagieuse.
Pour monter en estive, pas d’écart, le GDS et les gestionnaires d’estives scrutent les statuts sanitaires un par un. Un cas positif à moins de 5 km de l’exploitation et l’éleveur peut dire adieu à la saison d’estive, dans les vallées d’Aspe, d’Ossau et de Barétous. Grâce à ces mesures, et à un protocole d’assainissement des troupeaux obligatoire depuis 2021, le nombre de cas positifs diminue chaque année.
Charles Desorthes espère même voir la maladie éradiquée dans le département d’ici à cinq ou six ans. « Le protocole sanitaire est rentré dans les mœurs et nous mesurons ses effets positifs sur la santé des animaux. Nous avons des montagnes, il faut s’en servir, mais la transhumance complexifie la tâche des éleveurs et du GDS. »
La fièvre Q peut aussi pointer son nez sur La Pierre-Saint-Martin. « C’est une maladie très volatile. Si nous l’avons, nous prévenons nos voisins rapporte Cédric. Il y a une bonne entente sur l’estive. »
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